J'étouffe et des cris. Enfin je crois.


J'ai peur des silences et pourtant, il y en a partout dans ces mots que je ne dis pas. Ceux qui sont cachés entre les majuscules et les points virgules. J'ai un problème avec le silence. Il hante. Parfois, je le vis très mal. Comme s'il pesait sur mon existence, sur mon cœur, et sur ma trachée. Parfois, il vrombit dans mes oreilles, comme le soir quand je m'allonge dans mon lit, vide, seule, avec le silence autour de moi. Quand je chuchote pour ne pas réveiller des gens qui ne sont pas là. Il siffle. Il n'est jamais ni tout à fait là, ni tout à fait absent. J'ai aussi tout un travail à faire sur la respiration. Pourtant, je suis incapable de faire du yoga. Incapable de contrôler mes poumons qui se remplissent et se désemplissent comme un ballon de baudruche, de manière anarchique et désordonnée. J'ai toujours le souffle coupé par les choses, je suis toujours à bout de souffle, à bout de mots. Badaboum, fait la colère sur mes silences.

Quand j'étais petite, je m'amusais à coincer mes épaules sous l'échelle de la piscine pour ne pas remonter à la surface, et à attendre, les yeux grands ouverts, de sentir mes poumons brûler. Je voulais voir la limite. Sentir les soubresauts de ma cage thoracique qui demande l'air. Et l'impression étrange de silence qu'il y a sous l'eau. La respiration et le silence. Toujours. Maintenant, j'ai toujours peur d'arrêter de respirer. Parce que j'oublie, parfois. Je ne fais pas attention, je ne fais pas exprès. Je me rends compte soudain que je retiens ma respiration depuis peut-être quoi, une minute ? Et je panique. Et si ça m'arrivait pour toujours ? Je sanglote, souvent. Pas un sanglot de larmes, non. Les larmes viennent bien plus tard. Jamais en public. Ou du moins, pas les vraies larmes de tristesses. Les larmes d'émotions, elles, viennent comme elles veulent et s'installent là pour un mot, un geste, un regard, un dialogue. Je peux pleurer pour la même chose, le même mot, plusieurs fois d'affilées. Quand la maman de Bambi meurt. Devant les informations. Quand je raconte une histoire qui me touche. Quand je pense aux premiers amours. Quand j'entends Bjork chanter dans Dancer in The Dark. Mais je ne parle pas des larmes de sanglots. Je parle de cette secousse d'épaule, cette inspiration saccadée qui vient comme ça vient. La respiration et le silence.






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