Septembre, l'automne, et les résolutions.

Juillet est passé si vite. Ralentir était impossible. C'est le cas depuis des mois. 
Et puis d'un coup, ça a été le calme absolu. 
Le vide. 
L'absence. 

Début Septembre, il y a eu la Corse, les jolis couchers de soleil, les thés, tôt sur la terrasse. Le plaid sur les genoux sur le canapé extérieur. T. au barbecue qui remue les côtes d'agneau. Les salades composées concombre-tomates-thon-maïs-salade. La vue sur la baie de Porto Vecchio. Le silence si ce n'est le bruit des vagues sur les rochers, plus bas en dessous de la maison. Les copains qui se lèvent, pose un baiser sur mon front, s'assoient autour de la table et partagent le café, la brioche et la confiture de figue sur le beurre salé. La rivière calme, la pause autour d'un bassin dans lequel on ne pouvait pas se baigner. "Eau contaminée", disait le panneau, au début du chemin. Les jeux de tarots jusque tard le soir. Le bon vin sur la table. L'huile d'olive sur les doigts. Les sourires complices, d'un bout à l'autre de la table. Les tranches de Coppa à la trancheuse. Les lasagnes, la tarte au citron de M. et les citronnades à la menthe maison. 
Il a fallu regarder le temps passer. 
Et ça fait du bien. 



Le 21. L'automne. Le vent dans les branches des arbres, dehors. De ma fenêtre, je ne vois que la montagne en face, et si je me penche un peu, si je baisse les yeux, il y a le clocher, les toîts du village. Le chien aboie au moindre bruit. Je lui dit "c'est le vent", mais il aboie de plus belle. Les chats dorment, enroulés les uns sur les autres entre les jambes de l'amoureux qui dort, lui aussi. 
Il est tôt. Le soleil se lève à peine sur les montagnes. Il descend le long de la façade et ne viendra sur la maison que vers dix heures. Onze pour que la terrasse soit inondée de chaleur. En attendant, il y a le thé au chocolat 
Et dans le carnet des envies, il y a la liste des choses à changer, à améliorer, à faire. 

1. Reprendre le sport. La piscine. Marcher. Courir. Le yoga. Reprendre l'habitude de mener mon corps à ses limites. 

2. Prendre le temps de regarder passer les nuages. S'entend par là que je dois arrêter de courir partout, et retourner aux essentiels. Ce n'est pas grave si je ne peux pas "tout" faire. 

3. Tricoter ce plaid qui me fait de l'oeil depuis cet été. Il faudra acheter des aiguilles de 15mm. Et de la laine grise chinée. 

4. Reprendre mon mémoire sur Anaïs Nin. Et peut-être cesser mon obsession pour son Journal de l'Amour et sa Correspondance Passionnée avec Henry Miller. 

5. Ecrire plus. 


Et vous, quels sont vos objectifs, cet automne ?












C'est du brouillard, pas des larmes.


Je regarde les gens pressés passer avec la distance des gens qu'on ignore. Je me sens si différente et pourtant si semblable à celle que j'étais. Le retour dans le sud se fait progressivement. Comme si j'avais encore un pied dans chaque ville visitée. J'y ai laissé un bout d'âme, un peu d'espoir et quelque galets. J'ai des frissons dès que je bouge un doigt, ou qu'une mèche de cheveux vient caresser ma nuque. Je ronronne au soleil timide en soufflant sur mon thé pour qu'il refroidisse plus vite. Il a beaucoup plu ces derniers temps. Les arbres sont encore un peu noirs dans les rues et les mimosas sont tous sombres. Jaunes sales.
Je me sens comme la flamme à lunettes de Mathias Malzieu : "Je n'y vois que du feu en quelque pas seulement, je peux me perdre loin, si loin dans ma rue et même que je n'ose plus, regarder le soleil, ni regarder le ciel droit dans les yeux". 
J'ai perdu cet homme, que je pensais invincible, qui était tout juste un homme, qui venait d'avoir 22 ans. Je l'imaginais toujours là, malgré mes colères et ses inconstances. Malgré la dispute de la fin de notre amitié il y a une année déjà. Il n'y aura plus jamais de disputes, maintenant qu'il m'a laissée derrière avec mes incompréhensions et mes regrets. J'ai envoyé trente mails à un homme qui était déjà mort. Lorsque je l'ai compris, mon cœur s'est brisé à un endroit que je ne connaissais pas. Peut-être qu'il aurait répondu. Peut-être. J'ai beaucoup regardé l'avis de décès un peu parce que je pensais qu'il finirait par s'effacer si je le fixais longtemps. Je l'ai trouvé d'un mauvais goût atroce. Il aurait détesté. J'ai donc fait la seule chose que j'aurais pensé qu'il veuille de moi, et j'ai bu des shots de tequila avec du citron trop acidulé en écoutant La traviata. En chantant très fort, très fort pour qu'il m'entende même à l'autre bout de la mort. Il aurait détesté aussi, ai-je conclu. Chacun ses hommages.
J'aimerais revenir en arrière, m’asseoir sur le lit de Nîmes avec Pauline et Lara, des biscottes au beurre au bout des doigts et écouter encore leur craintes et nos espoirs. C'était il y a une vie déjà. Ou deux. J'ai l'impression d'espionner mes propres souvenirs. J'ai peur d'avoir 24 ans, j'ai peur du noir, j'ai peur de lui, j'ai peur de tout. Je vois des changements chez mes parents. Des signes de la vieillesse qui arrive, qui s'insinue là, entre leur peau et le cœur. Je ne sais pas qui je suis sans eux. J'y pense encore et encore jusqu'à avoir du chagrin d'avance qui coule sur les joues.
J'ai parlé de tout à l'aimant. L'ami. L'ancien amant. Et je me suis étonnée de la manière avec laquelle nous sommes passés de la passion à l'amitié sereine. Huit mois à Paris auront été, j'imagine, la principale raison de la facilité de la transition. J'imagine que c'est mieux Ailleurs alors que, Paris me l'a prouvé, ce n'est pas le cas. Je me sens comme deux personnes enfermées dans ce corps près d'éclater.  Je mets du rouge sur les lèvres et je souris. C'est l'hiver. Le froid. Les mains dans les gants, les gants dans les poches. L'écharpe autour du cou et du Palpitant.
C'est le temps du Printemps. 

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